Le recensement
Histoire du temps passé
Le recensement de 1657
Au moment où les opérations du recensement 1962 viennent à peine de se terminer au village, il n’est peut-être pas sans intérêt d’évoquer certains aspects d’un dénombrement de population qui eut lieu à Liesle, les 2 et 3 février 1657, c’est-à-dire à une époque où, malgré dix ans d’une guerre dévastatrice entre toutes, Louis XIV n’avait pu encore venir à bout de la farouche Comté indépendante. La peste, la famine, le pillage, le brigandage, toutes les calamités s’étaient abattues sur notre région, au point que la population avait été décimée aux deux-tiers, et une grande partie des terres abandonnée. Malgré tout, grâce à la ténacité comtoise favorisée par quelques années de répit et quelques judicieuses mesures, la province commençait déjà à retrouver une certaine activité, et c’est sans doute, pour obtenir confirmation que le pouvoir avait prescrit ce dénombrement. Bien sûr, les manuscrits de l’époque n’ont pas la précision de nos recensements modernes ; ils n’en sont pas moins fort intéressants, et nous avons pu y relever les noms et prénoms de tous les chefs de famille, avec la composition de chacune d’elles. En 1657, Liesle compte déjà 484 habitants dont 100 hommes, 107 femmes, 256 enfants et 21 valets ou servantes, formant au total 94 feux. Fourg, au même moment, n’a que 21 feux pour 90 habitants tandis que Arc, Senans et Roche ne réunissent, en tout, que 338 personnes. Par ces chiffres, soulignons d’abord la forte proportion d’enfants, ce qui explique le rapide rétablissement démographique qui a suivi, puisqu’à la veille de la Révolution de 1789, la population de Liesle dépassait 1000 habitants et celle de Fourg atteignait 600. Une autre remarque, c’est la nette distinction qui est faite entre les Comtois et les autres habitants. C’est ainsi qu’on note "un français, un savoyard" (sans même l’indication du nom), Érasme PELOT d’Allemagne, Jean le Suisse, Antoine TASCHOT de France, Antoinette de Bresse, avec "3 enfants cherchant leur pain". Très certainement, il s’agit ici d’orphelins mendiants recueillis après les calamités des deux décades précédentes. Les nobles et les bourgeois, bien que possédant châteaux ou maisons à LIESLE, et plus de la moitié des propriétés, sont peu nombreux à y résider. Sont, malgré tout fixés au village, le marquis de CHAMPAGNE, co-seigneur de LIESLE, et sa famille, la veuve de Noble Alexandre JACQUES, ci-devant Seigneur de NANS et Seigneur de LIESLE à partir de 1608, le Seigneur NÉLATON de QUINGEY, etc… La ferme de la Grange-Jouffroy, complètement brûlée par les français en 1636 et signalée encore en ruines en 1652, est déjà partiellement reconstruite et exploitée, en 1657, par une famille FUMEY du SOUILLOT, qui comprend trois ménages comptant au total 22 personnes. Pour terminer et à titre documentaire, citons quelques familles recensées en ce siècle de LOUIS XIV, et qui ont encore des descendants au village : les CUSSEY, les TOITOT, les ESTEVENON, les VALLOT, les VUILLEMOT, etc… Certaines de ces familles ont même été retrouvées déjà vers 1400, témoignage incontestable de fidélité à la terre des ancêtres.
Texte d’Eugène SIXDENIER, maire de Liesle d’août 1962 à mars 1976 |
Date de dernière mise à jour : 02/07/2021